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mardi 30 août 2016

DOM-TOM: Les autres oubliés de la République


"Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde." Discours sur le Colonialisme (1950) Aimé Césaire


Comment ou lé les Kavistes?

Je suis un métropolitain, j'ai eu le privilège de me rendre aux Antilles ou à la Réunion (mon endroit préféré sur cette planète), je me sens concerné par mes contemporains vivants au delà des mers et des océans, car ils sont une partie intégrante et fondamentale de notre patrimoine culturel, social, musical, sportif, gastronomique, écologique et humain.
Quand on parle des Dom-Tom en métropole, souvent certains clichés visuels viennent immédiatement à l'esprit, pas forcément dénués de vérité, mais malgré tout réduisant le champ de la vie réelle telle qu'on la vit là-bas.
Alors les clichés ont la vie dure et le cerveau métropolitain se projette souvent des images d'Epinal (Non Epinal n'est aux antilles...Je vous taquine):

Alors on pense souvent à ça...

ou à ceci...
...ou bien encore cela, mais...

Mais il se passe ça aussi! La lutte!

La réalité est beaucoup moins romantique et particulièrement alarmante sur différents plans sociétaux.
Le chômage est endémique (amha c'est partout pareil vous me direz), seulement quand on annonce les chiffres des sans emplois, les grands médias occultent quasi systématiquement les statistiques concernant les îles lointaines de la république.
On évalue à peu près à 500 000 chômeurs le nombre de gens à la recherche d'un emploi dans les départements et territoires outre-mer, et ceci ne fait que s'aggraver, étant donné la baisse du tourisme, puisque les métropolitains, étant eux-mêmes en baisse constante de pouvoir d'achat, ont du mal à aller visiter nos compatriotes ultramarins à cause de billets d'avions à des tarifs incroyables ou une vie sur place très chère.
Concernant le marché de l'emploi, on peut aussi ajouter les contrats précaires en net progression, et bien évidemment le travail clandestin qui est souvent un moyen comme un autre de subvenir à ses besoins et qui n'est même pas une option, mais bien une obligation.
On ajoutera à cela la classe exponentielle des travailleurs pauvres, travaillant à temps plein, mais ayant des rémunérations tellement basses qu'ils peinent à joindre les deux bouts, ce que nous connaissons bien en métropole.
De plus, il y a aussi le problème des métropolitains s'installant sur place, occupant des postes d'administrations (avec souvent une sur-rémunération conséquente) ou les cadres de grandes entreprises envoyés par leur boite pour gérer les affaires au soleil, ce qui réduit encore un peu plus le marché du travail
Au problème de l'emploi, on peut ajouter plusieurs facteurs faisant des ultramarins les autres oubliés de la république:
Les prix exorbitants de la grande distribution sur les produits venant de métropole avec une taxation folle, et qui impactent toute une catégorie de population.
Le trafic de drogue et là je ne parle pas des fumeurs ou dealers de cannabis, mais bien du réseau organisé de transport et de vente de drogues dures qui détruit la jeunesse aussi bien chez eux que chez nous. Ce trafic entraîne une augmentation de la délinquance et un mal être croissant des ultra-marins qui aimeraient présenter avant tout la joie de vivre et la tradition d'accueil et d'hospitalité de leurs territoires.
Le manque d'infrastructures adaptées qui réduisent encore le champ du développement et les perspectives d'avenir pour les habitants, qui souvent s"expatrient vers la métropole pour y trouver emplois et logements.
L'écologie et la protection de l'environnement sont aussi au coeur des problèmes avec la dégradation de l'écosystème comme par exemple le grignotage des plages par la montée des eaux, la destruction des barrières de corail, la pollution galopante et le braconnage intensif souvent lié à la pauvreté des locaux.
Bien sûr, l'éloignement géographique est prépondérant et ce n'est pas les dotations et autres subventions qui suffisent à régler les problèmes humains, sociaux et économiques des Dom-Toms.
Les mouvements sociaux et grèves aux Antilles avaient alerté en son temps le grand public, mais le silence est depuis retombé, et les dirigeant préfèrent véhiculer l'imaginaire carte postale pour faire oublier à l'opinion française que là-bas aussi, on est victime de la crise généralisée de notre système et que les décisions prises à Paris ont des répercussions à Pointe à pitre, Saint denis, Fort de france, Papeete et autres, le fameux effet papillon.
Loin, très loin de moi l'idée d'accabler l'outre-mer et ses citoyens à travers ce constat, bien au contraire, j'aimerais que ce soit nous les "métros" qui prenions conscience de la chance culturelle que nous avons d'avoir ces compatriotes si extraordinaires, chaleureux et généreux.
Et quand viendra le jour (et il viendra) d'une redistribution équitable des richesses envers chaque être humain de notre pays, que les ultramarins fassent partie du réenchantement et de la transition que nous appelons de nos voeux pour le futur de nos enfants et de nos petits enfants, il en va de la responsabilité de tous.
L'outre-mer, c'est la France, même si certains voudraient obtenir leur autonomie et je peux très bien entendre ces arguments là, mais à l'heure actuelle, la situation est ainsi faite.
La solidarité, l'équité et la fraternité doivent être les mêmes pour tous. Les problèmes de la métropole se répercutent invariablement, nous ne sommes pas seuls.
Vous aurez constaté que je ne suis pas rentré dans des détails de chiffres fastidieux, mais plutôt sur un ressenti général de la situation. Pour plus d'informations, vous pouvez vous rendre sur http://www.domtomactu.com/actu qui traite des informations au quotidien de nos amis d'outre-mer et sur bien d'autres sites consacrés aux territoires lointains de la république française.
Pensez aux autres oubliés de la république et incluez-les toujours dans les chiffres faussés des médias mainstream.

Mi finis avec un ti' dicton réunionnais:

"gran promètèr, ti donèr"
Grand prometteur, petit donneur
Se dit des hommes politiques en général...

Merci d'avoir pris le temps de lire ce billet, commentez, partagez et revenez voir le Kave.